Guillaume Krattinger

        Guillaume Krattinger est né en 1985 à Besançon, Il passe son enfance dans le Jura où il suit un cursus littéraire avant de se rendre à Paris pour étudier les arts appliqués. C’est tout d’abord vers le design textile à l’ENSAAMA Olivier de Serres qu’il s’oriente. Après l’obtention de son BTS, il entre aux Beaux–Arts de Paris dans l’atelier de Jean-Marc Bustamante. Il y développe une pratique de la sculpture et de la photographie.

        A ses débuts, ses premières images sont de petites mises en scène, des constructions imaginaires. Celles-ci le mènent peu à peu à la sculpture. Ce qui n’était alors que matière, sujet pour ses images entame une existence autonome qui ne cesse d’entretenir un lien étroit avec la photographie.

        C’est par un premier voyage au cœur des carrières italiennes de Carrare que la photographie s’impose à lui comme une manière de regarder le monde, d’en collecter des morceaux épars. Ses photographies sont à l’écoute des signes du monde, et c’est dans des lieux de production, de transformation des matériaux qu’il trouve ses sujets de prédilection. Son univers nous entraine alors des rivières polluées, aux zones industrielles en passant par l’Inde ou Tchernobyl.

        Il y a une volonté de voir ce qui habituellement est caché en bordure ou en amont de notre quotidien. Mais derrière cela se dessine une volonté plus large, une tentative de comprendre notre monde, d’en dégager de son apparence, un sens. C’est finalement d’une quête qu’il s’agit, tout comme ces voyageurs anciens qui tentaient de donner une image de ce qu’était le monde.

        Puis récemment il entreprend de faire participer le spectateur à ce qu’il nomme « épiphanies », ces instants où tout devient lumineux, qui mènent à l’acte photographique. Ces tirages sont alors réalisés sur des plaques de verre. L’image n’apparaît que lorsque le spectateur la place sur un support sombre tandis que les lumières sont faites d’argent métallique reflétant la lumière ambiante. L’apparition de l’image est cette première expérience de l’épiphanie. Mais il en est une seconde, qui elle émane de l’image. Elle réside dans le fait qu’un banal agencement de formes de béton est capable de revêtir l’apparence d’un totem ou encore qu’une trace de sciure puisse devenir l’évocation d’un ciel étoilé. Le tissu du réel est alors crevé par le jaillissement souterrain d’une révélation, les formes du monde deviennent loquace.

        On pourrait résumer par cette question l’entreprise qui le pousse dans son travail : « comment ce que l’homme voit dans le monde vit en lui, l’habite et finit par prendre sens ? » Finalement photographier n’est que le moyen de fixer cet affleurement de sens, et de faire un pas dans la compréhension de ce qui constitue l’homme.